Academia.eduAcademia.edu
22 Bull. AFAV 2015 Excoffon et al. Les verres de l’îlot Camelin à Fréjus (Var). Un aperçu du mobilier des Ier et IIe siècles ap. J.-C. Pierre EXCOFFON1, Danièle FOY2, Janick ROUSSEL-ODE3 mots-clés : Narbonnaise, Fréjus, habitat, verres Ier et IIe s., marques Notes 1 Service Archéologie et Patrimoine de la Ville de Fréjus, chercheur associé UMR 7299 Centre Camille Jullian, AMU/CNRS, Aixen-Provence. 2 Chercheur CNRS, UMR 7299 Centre Camille Jullian AMU/CNRS Aix-en-Provence. 3 Chercheur associé UMR 7299 Centre Camille Jullian AMU/CNRS Aix-en-Provence. La fouille préventive de l’îlot Camelin, effectuée en 2013, couvre près de 2000 m2. Elle est située sur le lanc sud-ouest de la butte naturelle sur laquelle le centre-ville actuel est installé (ig. 1). La première occupation, à la in du Ier s. av. J.-C., se matérialise par un premier urbanisme composé de rues et de maisons. Un puits, une aire de stockage en silos, des fours domestiques et des traces de forgeage sont les témoignages les plus marquants de cette première phase d’occupation. La période suivante (2A) est marquée par la reconstruction totale du quartier. L’orientation reste la même, mais l’ensemble s’insère alors dans le plan d’urbanisme de la ville qui se met en place dans la première moitié du Ier s. ap. J.- C. (Rivet et al. 2000). Un grand îlot est construit, bordé à l’est et à l’ouest par deux rues dont une est conservée sur toute sa largeur (16,80 m). Au moins trois maisons occupent l’espace de l’îlot fouillé. Le premier lot de verres étudié correspond à l’occupation de ces trois ensembles qui s’arrête dans les années 70/80. Un incendie, survenu avant la in du Ier s. ap. J.-C., touche au moins deux maisons et marque la in de cette phase. La phase de reconstruction (3A) semble s’opérer rapidement après ces faits et les deux maisons sont entièrement reconstruites (ig. 2). L’une d’elle (maison 2) est composée de plusieurs salles organisées autour d’une cour. Le programme décoratif est constitué de pavements en opus signinum, décorés de crustae de marbre, et les murs sont tous couverts de décors peints. Les seuils d’accès sont constitués de blocs monolithiques en grès et l’entrée principale de la maison devait se trouver sur la rue située à l’ouest. Le plan de la seconde maison reconstruite (maison 1), positionnée sur une terrasse supérieure, reste dificile à déinir en raison de la récupération de l’ensemble des structures et d’importants travaux de terrassement postérieurs. On note toutefois la présence d’un pavement en opus tessalatum monochrome au sein de cette maison qui ouvrait sur la rue à l’est. Le reste de l’îlot est occupé par des espaces plus dificilement interprétables, mais plusieurs secteurs à vocation artisanale sont déinissables, comme par exemple un moulin à eau. Au cours du IIe s., diverses reprises et divisions de l’espace témoignent de réaménagements, mais le plan d’ensemble change peu. Le second lot de verres présenté appartient à cette phase. Le Port Fig. 1 Localisation du site sur le plan de la ville antique de Forum Iulii (© SAPVF/C. Larocca, d’après Rivet et al 2000, complétée). Ville de Fréjus Service Archéologie et Patrimoine 0 L'Îlot Camelin est dans l'ellipse 500m Les verres de l’îlot Camelin à Fréjus (Var) 23 CARDO ILÔT CARDO maison 2 localisation du dépotoir maison 1 MR4087 LHERENN CA STORI S maison 3 0 2m 10m N 1/20e Fig. 2 Relevé de la phase 3A (IIe siècle) (© F. Osenda/ S. Roucole/SAPVF). À partir du IIIe s. ap. J.-C., des signes évidents de repli de l’occupation sont observables et les supericies occupées se réduisent. Une tombe en bâtière de l’antiquité tardive, installée au sein des vestiges de l’îlot, atteste clairement ce recul de l’habitat pour cette période. On estime avoir recueilli dans la fouille les fragments de 400 pièces de verre environ. On présentera d’abord quelques pièces de la vaisselle du Ier s. provenant de divers contextes rattachés à la phase 2A, puis des contenants provenant essentiellement d’un même contexte, un dépotoir qui s’est constitué vers la in du IIe siècle. Un lot de verreries du Ier siècle Le corpus de l’îlot Camelin conirme la diversité, la richesse et la précocité du vaisselier en verre de Fréjus. Pour le Ier s. ap. J.-C., quelques formes, déjà bien représentées sur les sites domestiques des Aiguières, de l’espace Mangin et de la Porte d’Orée (Cottam, Price 2009, 185-250 ; Fontaine 2012, 220-281), se retrouvent en nombre dans l’îlot Camelin et illustrent la diversité des variantes que l’on peut observer au sein même de chaque type. Onze bols linear cut (ig. 3, n° 2-4), hémisphériques ou tronconiques, conirment la forte représentation de ce type de vases sur le littoral est-narbonnais, et notamment à Fréjus, dans des contextes datables de la décennie précédant le changement d’ère à 50 de n. è. Pour les teintes, nonobstant les coloris habituellement rencontrés (ambre et cobalt), il est intéressant d’observer la présence de bols linear cut verdâtre, incolore (teintes généralement attestées sur les sites orientaux) ou vert émeraude (teinte qui n’avait pour l’instant pas été rencontrée dans le corpus est-narbonnais). À ces vases à panse lisse, il faut ajouter un exemplaire profond à côtes courtes peu saillantes, réalisé dans un verre ambre présentant une altération qui lui donne un aspect doré (ig. 3, n° 1). Quatorze coupes à côtes Is. 3 (ig. 3, n° 5) ont été collectées (10 bleu-vert, 2 ambre, 1 bleu cobalt et 1 mosaïquée). Deux coupes Is. 1, réalisées en verre mosaïqué à décor milleiori (ig. 3, n° 6) illustrent une catégorie de vaisselle de semi-luxe récurrente à Fréjus. Treize fragments de vases sigilloformes (ig. 3, n° 7-13), réalisés dans des teintes vives, de proils variés sont attestés : la majorité correspond à des coupes biconvexes, quatre à des assiettes de type AR 9.1. L’essentiel de ces vases est moulé dans du verre vert émeraude, mais on peut aussi noter du verre bleu cobalt, bleu outremer et, élément plus remarquable, du verre milleiori (au décor semblable à celui de la coupe à côtes Is. 3 24 Bull. AFAV 2015 Excoffon et al. 2 1 3 4 6 5 8 7 9 Fig. 3 Îlot Camelin à Fréjus. Vases moulés du Ier s. (© J. Roussel-Ode) 10 11 12 13 mosaïquée et des coupes Is. 1). À ces formes moulées, s’ajoute un ensemble de vases souflés à la volée qui présentent des formes déjà bien attestées à Fréjus : des bols Is. 12 d’une grande diversité morphologique (ig. 4, n° 14-16) ainsi que des formes inspirées de la vaisselle métallique : canthares et modioli présentant diverses variantes, très colorées. Pas moins de 23 vases de cette catégorie peuvent être comptabilisés : larges vases à bord en gradin 0 5 cm (ig. 4, n° 17) et à pied débordant (ig. 4, n° 26), canthares et modioli à bord formé par double repli du verre (ig. 4, n° 18-20, 22) ou décor de listel ourlé (ig. 4, n° 21), canthare à pied rapporté en coupelle inversée (ig. 4, n° 25), cratère ( ?) à panse carénée et petites anses ornementales (ig. 4, n° 24). Une série de coupelles Is. 69a, souflées en verre bleu-vert ou en vert clair (ig. 4, n° 23), à bord en bandeau ont la particularité de présenter un proil Les verres de l’îlot Camelin à Fréjus (Var) 25 17 18 14 19 15 20 16 21 22 23 24 25 26 27 30 28 Fig. 4 Îlot Camelin à Fréjus. Vases souflés du Ier s. (© J. Roussel-Ode) 0 5 cm 29 élancé et une panse à tendance hémisphérique. La circulation de cette forme est généralement datée entre 30-40 et 80 ap. J.-C. La concentration de cette variante de la forme sur le littoral estnarbonnais et notamment à Fréjus est à noter (cf. Cottam, Price 2009, 240, n° 220-228, pl. 13). Un gobelet incolore Is. 32, à dépressions (ig. 4, n° 29) correspond à la forme élancée du type. Trois fragments de coupes AR 30 (ig. 4, n° 27) et un fragment de bol à décor de course de char (ig. 4, n° 28), tous bleu-vert, illustrent le verre souflémoulé. Quelques fragments à bord coupé et panse ornée ou non de lignes incisées externes, incolores, verdâtres ou bleu-vert, complètent le corpus des 31 vases à boire du Ier s. Un gobelet se détache de cette série à bord coupé par sa teinte bleu cobalt et une épaisseur de verre plus importante (ig. 4, n° 30) et évoque les solid beakers à pied en disque. Deux fonds à pied écrasé en galette (ig. 4, n° 31) rappellent certains fonds déjà collectés à Fréjus notamment sur les sites des Aiguières (Cottam, Price 2009, n° 228, pl. 13) et de l’Espace Mangin (Fontaine 2012, 272, n° MNG76). Quelques balsamaires Is. 8 sont également présents. Les contenants du IIe siècle Ces récipients sont pour la plupart issus d’un dépotoir qui comble un bassin (ou une fontaine) 26 Bull. AFAV 2015 Excoffon et al. 33 32 34 35 34 33 36 37 38 37 40 38 0 5 cm dessins Fig. 5 Îlot Camelin à Fréjus. Récipients à panse carrée ou rectangulaire bleu-vert du IIe s. (© D. Foy) 39 et des canalisations. L’homogénéité du mobilier et la quantité des recollages laissent penser que ces objets ont été accumulés rapidement peutêtre en un seul temps ; elles pourraient reléter la destruction accidentelle, partielle ou complète d’une ou de plusieurs maisons. 42 41 Les fragments de verres retrouvés dans ce contexte clos renvoient à 200 individus environ dont les trois-quarts révèlent de la vaisselle de table souflée ou moulée dans du verre incolore. De nombreux débris de vitres sont également présents dans ce contexte qui s’est constitué à la Les verres de l’îlot Camelin à Fréjus (Var) in du IIe s. comme l’indiquent le mobilier associé (essentiellement céramiques et verres dont un fragment mosaïqué) et la stratigraphie. On trouve néanmoins aussi dans ce dépotoir de la vaisselle du début du IIe s. Les contenants en verre bleuvert ou bleutés que nous présentons ci-dessous se chiffrent à une quarantaine d’exemplaires. Nous ne mentionnons pas ici les cruches incolores faisant partie du service de table. Quelques verres exhumés en 1995 lors de la fouille très partielle de ce dépotoir4, se sont vus complétés par des fragments trouvés lors des fouilles de l’été 2013 : c’est le cas pour le fond marqué d’une ancre, voir infra, déjà publié (ig. 6, n° 50). Notes 4 La vaisselle incolore très volumineuse fera l’objet d’une étude supplémentaire. L’ensemble du mobilier sera évidemment regroupé dans la publication monographique. 5 Les enquêtes dans la province romaine de Rhétie ont révélé l’existence d’au moins 80 exemplaires (en plusieurs variantes) dont environ 35 dans la seule ville d’Augsbourg (Rottloff, 2006 et quelques autres mentionnés dans Pfahl, 2012, 212-217). Les trouvailles en Suisse, Autriche, Slovénie et Croatie sont respectivement mentionnées dans Amrein, 2006, n° CH 31, 127-128 ; Glöckner, 2006, n° AUS 58, 62-63 ; Lazar, 2006a, n° SI 81 ; Fadić, Štefanac, 2012, n° 216-218. Récipients à panse carrée ou rectangulaire en verre robuste, bleu-vert ou verdâtre Sans surprise, les bouteilles carrées sont les plus nombreuses. Une douzaine de pièces bleu-vert ou verdâtres ont été dénombrées sur la base de leur fond et de leur partie haute. Deux variantes peuvent être distinguées en fonction des anses, soit inement peignées (ig. 5, nos 32-34), soit biides, ces dernières étant plus nombreuses (ig. 5, nos 35-38). Tous les fonds sont marqués. Deux bouteilles du dépotoir portent des cercles concentriques : deux cercles ou davantage (ig. 6, nos 43-44). Il s’agit d’une marque banale que l’on retrouve sur des fragments venant d’autres contextes. Les autres fonds de récipients sont ornés de motifs géométriques : petits cercles concentriques pointés placés sur le pourtour et au centre (ig. 6, n° 45), diagonales séparées par des points (ig. 6, nos 46-47), rosette en fort relief (ig. 6, n° 48) et d’emblèmes. Trois pièces avaient une marque igurée. L’une trop lacuniare n’est pas identiiable et reste hypothétique (ig. 6, n° 49), mais les deux autres bien conservées, témoignent d’importations. La première, une ancre entourée de points (ig. 6, n° 50), a été découverte en 1995 et est déjà publiée (Foy 2011, n° F-CAR 311) mais elle a été complétée. Il pourrait s’agir d’une importation de la péninsule ibérique, par référence à une découverte identique à Badalone (Price 2006, n° E-CAR.033). De plus petit format et en verre mince et bleuté, la seconde marque igurée présente un oiseau entouré de deux ou trois lettres : CS|C (ig. 6, n° 51). Dificilement lisible, cette estampille se réfère vraisemblablement à Caius Salvius Gratus dont deux fonds trouvés à Marseille et à Aix-enProvence portent le nom développé (Cabart et al. 2006, n° F-CAR 241 et 242). Abondamment attestée en Vénétie (Larese 2004, 58-60) comme en Lombardie (Corpus Verre Lombardie 1, n° 243 à 247 ; id., Lombardie 2, 190, n° 278-279 ; 265, n°408 ; Diani, Invernizzi 2013, 83-84), mais aussi plus au nord, surtout dans le bassin du Danube5, cette marque est connue sous plusieurs variantes. L’une d’elles serait l’abréviation CSCR accompagnant un oiseau. Visible sur plusieurs trouvailles faites en Italie et au-delà des Alpes et de l’Adriatique (Diani, Invernizzi 2013, 78 ; Rottloff 27 2006, 146 ; Amrein 2006, 210), ce timbre n’était pas encore attesté en Gaule. Il témoigne d’une importation de l’Italie du Nord. Un second récipient pourrait avoir la même origine. Il n’en reste qu’un fragment, issu d’un niveau de surface de la fouille de l’Îlot Camelin, se rapporte très certainement à une grande bouteille rectangulaire (fond de 15 cm de long au moins), forme exogène à la Narbonnaise (ig. 7, n° 52). L’inscription très fragmentaire n’est pas restituable : il ne subsiste que le haut de quatre ou cinq lettres indéchiffrables, mais leur disposition en ligne, le long du plus grand côté, laisse raisonnablement penser que l’inscription se développait sur deux ou trois rangs selon la coniguration connue à Linz (Glöckner 2006, n° AUS 68 et 69), à Ribnica en Slovénie (Lazar 2006, n° SI 67), et à Grado (Giacobelli 2002, n° 55). Modeste, ce fragment est cependant l’unique attestation de la présence d’une bouteille rectangulaire venue du nord de l‘Italie jusqu’en Narbonnaise. Il prouverait, au même titre que les bouteilles carrées marquées Caius Salvius Gratus, que si l’essentiel des productions du nord de l’Italie sont diffusées vers des terres plus septentrionales, il existe un petit courant commercial vers la Méditerranée. Autres récipients en verre robuste, bleu-vert ou verdâtre Les autres récipients sont des vases fermés, cylindriques, ovoïdes ou tronconiques plus variés, pour l’essentiel réservés au service de table. Toutefois, deux verres peu ou pas décolorés peuvent néanmoins être considérés comme des récipients pour le transport ou le stockage de liquides. - Le fond d’une bouteille cylindrique bleutée et de petit format a la particularité rare d’être estampé (n° 53, ig. 7). Simple, la marque qui n’occupe que la partie centrale, est constituée d’un double cadre carré dans lequel sont placés quatre points. - Les cruches à double compartiment, dont la panse est carrée ou ovoïde (AR 168), ne sont pas fréquemment attestées en Narbonnaise, mais cela est peut-être dû à la dificulté de les identiier lorsqu’elles ne sont pas sufisamment bien conservées. On connaît néanmoins un exemplaire à panse quadrangulaire à Arles (Foy 2010, n° 472) et trois autres récipients à panse ovoïde ou globulaire à Orange (Orange : Tout feu 2001, n° 333 ; Roussel-Ode 2014, n° ORA 590), à Die (id., n° DIE 62) et dans les fouilles du Rhône à Arles (Fontaine 2012, n° GFO 221, 533). Le lieu de production de ces vases, qui apparaissent dans tout l’Empire romain (au moins de la Grèce à la Grande-Bretagne) dès la première moitié du Ier s., ne peut être précisé. Les fragments retrouvés dans le dépotoir sont ceux d’un vase bleu-vert à anse biide et corps vraisemblablement ovoïde (ig. 7, n° 54). - Les vases pansus bleu-vert ne sont signalés dans le dépotoir que par des fonds et des fragments de panse. Les fonds apodes, mais séparés de la panse par un étranglement (ig. 7, n° 55) renvoient probablement aux types Is. 63 28 Bull. AFAV 2015 43 45 Excoffon et al. 46 46 44 47 48 0 5 cm dessins 50 51 49 Fig. 6 Îlot Camelin à Fréjus. Fonds avec marques sur récipients à panse carrée ou rectangulaire bleu-vert du IIe s. (© dessins : D. Foy ; photos : L. Damelet, CCJ/UMR 7299) Les verres de l’îlot Camelin à Fréjus (Var) 52 29 53 54 54 58 55 59 60 61 56 62 0 5 cm dessins 57 Fig. 7 Îlot Camelin à Fréjus. Autres récipients bleu-vert du IIe s. (© D. Foy) ou 65. La présence de gros fragments de panse portant des côtes obliques ou fourchées (ig. 7, n° 56) pourrait induire la présence d’une urne de type Is. 67c, modèle inhabituel en Provence, mais il n’est pas exclu que des côtes de ce type puissent décorer une toute autre forme. De même, un fond sur pied annulaire massif portant des marques d’outils (ig. 7, n° 57) pourrait appartenir à une urne de type étranger au répertoire méditerranéen (urne pommiforme Is. 94 très fréquente dans le centre de la Gaule : Moirin 2002, 137-146) mais cela reste une hypothèse fragile. 30 Bull. AFAV 2015 63 0 Excoffon et al. 64 5 cm 65 66 67 dessins 68 Fig. 8 Îlot Camelin à Fréjus. Aryballes et vases à parfum bleu-vert du IIe s. (© D. Foy) 69 70 Petits récipients en verre bleu-vert ou verdâtre Les pots à panse quadrangulaire et embouchure repliée (Is. 62) sont relativement nombreux dans le dépotoir, mais les quatre ou cinq pièces comptabilisées grâce à leur embouchure particulière laissent imaginer des contenants de petit gabarit (ig. 7, n° 58 à 61). Hors du dépotoir, on note une embouchure de taille supérieure (ig. 7, n° 62). Il est possible que ces petits contenants aient été destinés à contenir des produits cosmétiques tout comme les récipients suivants. Les aryballes au nombre de quatre ou cinq sont identiiés par des anses déliées et verdâtres (ig. 8, n° 63-64) ou delphiniformes et bleu-vert (ig. 8, n° 65-66). Le fragment d’aryballe le mieux 71 conservé est en dehors du dépotoir (ig. 8, n° 67). Les vases à parfum (ig. 8, n° 68-71) essentiellement représentés par des unguentaria à long col cylindrique et embouchure ourlée : un unguentarium à panse en doucine et quatre ou cinq unguentaria chandeliers. On ne relève qu’un seul balsamaire AR 135. Cette présentation sélective des verres trouvés dans l’Îlot Camelin démontre une fois de plus l’importance de Forum Julii au Ier s. Le mobilier en verre du IIe s., jusqu’ici moins connu à Fréjus, y est particulièrement abondant. L’ensemble de verres provenant du dépotoir et d’autres lots plus modestes donneront une bonne image de Les verres de l’îlot Camelin à Fréjus (Var) l’utilisation de la verrerie à cette époque. Outre les contenants en verre bleu-vert présentés, il comprend des assemblages de verres incolores de formes (verres à boire, coupes, cruches, Bibliographie Amrein 2006 : Amrein (H.) : « Marques sur verre attestées en Suisse », in CSMVA 2, 2006, 209-243. 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État de la recherche sur le verre archéologique trouvé à Paris. 13 Arveiller V., Vanpeene N. Essai de synthèse sur le verre antique trouvé à Paris. 20 Roussel-Ode J. Des verres antiques mosaïqués à damiers à Alba-la-Romaine (Ardèche). 22 88 Lagabrielle S., Velde Br. Le verre des vitraux de la Sainte-Chapelle (1243-1248) : l’apport des analyses 92 Berthon A., Caillot I. Le verre du Carreau du Temple, Paris (3e arr.), présentation des ensembles clos (XIVe - XVIIIe siècles). 97 Vanriest E. La verrerie de Paris (1597-1610). 101 Lefrancq J. A propos d’un article récent : la coupe fragmentaire en verre façon de Venise, gravée d’un texte en néerlandais, trouvée dans les fouilles de la cour Napoléon du Louvre. Excoffon P., Foy D., Roussel-Ode J. Les verres de l’îlot Camelin à Fréjus (Var). Un aperçu du mobilier des Ier et IIe siècles apr. J.-C. 104 32 Mérigot E. Les Raux, une famille d’émailleurs parisiens, du règne de Louis XIV au siècle des Lumières. Klein M. Un encrier romain de Mayence (Mainz- Mogontiacum) en Germanie supérieure. 105 36 Mérigot E. Charles François Hazard, émailleur oculiste (1758-1812) et son père Louis François Hazard (1728-1802), cordonnier. Foy D. Le verre romain du secteur des Ferrailleurs à Toulon, quartier Besagne-Dutasta. 106 Palaude S. La thévenotte, célèbre bouteille parisienne axonaise d’Ancien Régime. 40 Eristov H. Des verres dans un décor mural de Lutèce. 109 Carré A.-L. Les collections de verrerie au Musée des arts et métiers. 41 Simon L. Le verre et ses substituts, le site gallo-romain de Mallemort-surCorrèze (Corrèze). 113 Cho S. M. Jean Luce et le renouveau du service de table à Paris dans l’entre-deux-guerres. 44 Guérit M., Ferber E. Découverte de deux ateliers de verriers de la fin du IIe et du début du IIIe siècle au Pègue (Drôme). 117 Ayroles V. Commerce et diffusion de la verrerie d’art à Paris au XXe siècle. 121 Rolland J. Expérimentation archéologique : fabrication de parures celtiques à partir d’un bloc de verre brut daté de la fin du IIIe siècle av. J.-C. provenant de l’épave des Sanguinaires A. 124 Fontaine-Hodiamont Ch., collab. Kappes M., Leroy-Lafaurie P. Du sol à l’atelier de restauration : conseils pour la sauvagarde temporaire des verres archéologiques. Fiche technique : Les gestes qui sauvent, les gestes qui tuent... 131 Garnier N. À la recherche du contenu des objets archéologiques en verre par les analyses chimiques. Fiche méthodologique. 140 Projet Veinar 145 Nouveautés, Actualités, Addenda 152 159 Nouvelles parutions et bibliographie récente 161 In Memoriam 163 Liste des membres et correspondants 165 Travaux universitaires, Annonces 50 Simon L. Le verre du site gallo-romain de la Prairie de Fort-Clan à Châtellerault (Vienne). 53 Mandruzzato L. A note on vasa diatreta / cage cups in Aquileia. 56 Brut C. La verrerie du haut Moyen Âge à Paris. Un état de la question. 61 Foy D. À propos de quelques verreries des VIIIe - Xe siècles du Midi de la France. 66 71 Raux S., Gratuze B., Langlois J.-Y., Coffineau E. Indices d’une production verrière du Xe siècle à La Milesse (Sarthe). Roussel-Ode J. Deux vases en verre d’époque médiévale découverts à Saillans (Drôme). 73 Pactat I., Gratuze B., Derbois M. Un atelier de verre carolingien à Méri, “ZAC Nouvelle-France” (Oise). 79 Weiss V. Cartographie des verriers parisiens (XIIe-XVIIIe siècles) En couverture : Bouteille en verre bleu, présentée lors de l’exposition “Baccarat, la légende du cristal”, Petit Palais, Paris (© J. Clesse) Assemblée générale